8 de janeiro de 2013

594.FR/ PIPOL NEWS 13 (Français)





https://dl.dropbox.com/u/36606690/PN13_13_FR.pdf



PIPOL NEWS 13
7.01.2013
Français
Vous trouverez ci-dessous une version courte du texte d’introduction aux Simultanées de PIPOL 6 qui se dérouleront sous le titre : « La cas, l’institution, et mon expérience de la psychanalyse ». La version complète de ce texte peut-être consultée en cliquant sur : PIPOL NEWS 2
 Un appel à contributions pour les simultanées sera diffusé prochainement.

Le cas, l’institution, et mon expérience de la psychanalyse
Introduction aux simultanées cliniques de PIPOL 6
(Version courte) 
L’institution est une manifestation du discours du maître. L’ancien paradigme de l’institution est l’Œdipe familial1. Néanmoins, en épinglant le monde contemporain par l’expression Après l’Œdipe, Jacques-Alain Miller nous conduit à élargir notre grille de lecture des institutions sociales ou de soin. Après l’Œdipe d’autres éthiques sont venues orienter les institutions, suppléant à la fragilisation du lien familial et occupant la place vacante laissée par le père. Dans ce nouveau paysage institutionnel, les cas les plus heureux sont ceux qui se laissent orienter par la psychanalyse.
Dans le Champ freudien, la question du mode de présence de la psychanalyse dans une institution est étudiée depuis de longues années. On s’aperçoit que le praticien qui a l’expérience de la psychanalyse a très souvent un rapport juste et un savoir-faire inédit avec le réel de la clinique. Nous voulons expliciter ce point lors des simultanées de PIPOL 6.
Du discours et de lalangue en institution
L’orientation de la psychanalyse en institution passe par un effort de bien dire, mieux dire, dire autrement. À la place de « il vole tout le temps », on préfère : « il décomplète l’Autre ». À la place de « il est très violent », on préfère : « il passe souvent à l’acte », le passage à l’acte étant une parole qui passe dans le « faire » faute de pouvoir se dire. À la place de « il est hyperactif », on préfère : « la jouissance lui fait retour dans le corps ».
Cet effort d’arracher le discours ambiant de l’institution aux coordonnées imaginaires, éducatives ou « scientifiques » de l’événement clinique aux fins de le localiser dans la structure, n’est pas un simple humanisme de bonnes intentions car, quand on dit les choses autrement, on les modifie. À la longue, ces formules deviennent un langage institutionnel qui détermine une politique de l’institution face au réel de la clinique. En même temps, un praticien qui a l’expérience analytique réinvente à chaque fois, en fonction du cas, un bien-dire inédit, qui se décale du langage institutionnel commun, quel qu’il soit.
D’où vient cette capacité d’invention ?
C’est que de faire la lecture de sa propre lalangue dans son expérience de la psychanalyse, le praticien est aussi bien disponible à lalangue d’un autre. Il lit dans la narration du sujet ce qui est écrit au-delà de l’écran du langage. Cette lecture du langage le plus privé du sujet permet au praticien de répondre de façon inventive, au-delà du langage institutionnel.   
L’institution comme canevas de la lettre
Lire lalangue ne nécessite pas toujours un effort de traverser la narration du sujet, puisqu’à l’occasion lalangue est à ciel ouvert. Dans ce cas, le praticien s’immisce dans cette lalangueen participant et encouragent le sujet à élaborer un travail de la lettre et ainsi enrichir salalangue, sans insister à comprendre ni se précipiter à plaquer un sens sur ce langage privé. Tous les éléments de la structure institutionnelle sont à disposition pour mettre en œuvre ce travail de la lettre : les espaces, les portes, les véhicules, les activités, les ateliers, etc. Ce partenariat « sujet-praticien » peut alors dessiner des circuits pulsionnels et y circuler, border une jouissance affolée qui éclabousse les alentours, pluraliser un Autre persécuteur et trop consistant, condenser hors corps une jouissance qui envahit le sujet, faire une rencontre d’un essaim de signifiants qui permettent au sujet de s’engager dans la voie d’un sinthome singulier.
De la langue privée à la langue publique
Mais il n’y a pas que la lettre. Dans d’autres cas, le lien de travail se tisse par un arrachement du sujet à la dimension autistique de sa lalangue, afin de la verser dans le langage. C’est une application du principe lacanien concernant les enfants autistes : « il y a sûrement quelque chose à leur dire »2. Ce principe est ainsi élargi au-delà de l’autisme stricto sensu vers la dimension autistique de tout sujet. Il s’agit justement de parler avec ce qui ne s’adresse pas à l’Autre, en introduisant lalangue dans le dialogue. Le patricien soumet alors au sujet l’hypothèse d’un Autre du code. Le sujet dit : « aïne né ka la audornuit ? », et le patricien lui répond : « mais si, Nadine est là aujourd’hui, elle est dans la cuisine ». La substance institutionnelle ne sert pas ici de canevas pour tracer la lettre, mais offre une matière à la construction d’un Autre.
Un élément majeur dans cette construction de l’Autre est la réunion d’équipe. Celle-ci opère comme un au-delà du praticien auquel ce dernier peut se référer. Si toute séance analytique implique la présence de l’Autre du langage comme tiers, la réunion donne souvent la consistance nécessaire à ce tiers dans le travail institutionnel. Ce lieu d’au-delà où la parole s’incarne dans plusieurs voix qui s’échangent allège le poids du rapport imaginaire entre le praticien et le résident, forgeant dans les certitudes une forme de dialectique.      
Avoir l’expérience de la psychanalyse
Il faut avoir l’expérience de la psychanalyse, avons-nous dit, pour lire lalangue, d’abord la sienne, ensuite celle de l’autre. Ajoutons : il faut faire l’expérience de sa propre jouissance pour la manier dans la rencontre avec l’autre, sans passer par le père, la castration, la justice, la morale. Ou encore : Il faut connaître le divan pour se passer des idéaux d’une institution, et s’en servir à la fois.
Pourtant, le savoir-faire du praticien n’est pas établi. Tant que l’analyse n’est pas finie, ce savoir ne se sait pas, néanmoins, il transperce aussi bien le savoir qui s’élabore dans l’institution que la doctrine psychanalytique en général.
Eh bien, le projet audacieux des simultanées de PIPOL 6 sera d’approcher, par des dires, ce point indicible, en mettant en évidence le triangle qui se forme entre le cas, l’institution et l’expérience de la psychanalyse du praticien. Des praticiens analysants, qu’ils soient analystes ou pas, parleront à partir d’un cas, de la façon dont ils ont pu s’appuyer sur leur propre expérience de la psychanalyse pour lire lalangue, la soutenir, la verser dans le langage public et manier le discours de l’institution pour extraire et soutenir les solutions inventives du sujet. 
Gil Caroz,
Directeur de PIPOL 6
EuroFédération de Psychanalyse
1  LAURENT E., « Institution du fantasme, fantasmes de l’institution », Feuillets du Courtil, n°4, avril 1992.
2  LACAN J., « Conférence à Genève sur le symptôme »  (1975), in Bloc-notes de la psychanalyse, n°5, 1985.

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