24 de março de 2008

[ecf-messager] n°146 : Première matinée de la passe [envoi 7]


La commission de la formation psychanalytique de l’ECF propose une matinée de la passe le samedi 29 mars 2008 de 10 h à 13h au local de la rue Huysmans sur le thème :


« Les variétés de la passe au XXIème siècle »
La passe comme moment d’élucidation dans la cure


Lors de sa première réunion le 16 décembre 2007, la commission de la formation psychanalytique de l’ECF a pris la décision d’organiser deux matinées de la passe, la première en mars, la seconde en juin 2008. Cette matinée de mars sera précédée par la diffusion sur les listes électroniques de textes courts produits par les membres de la commission, un par un. Ces textes problématiseront le thème et prépareront le travail du 29 mars.
La diffusion des textes sera assurée par le secrétariat de la commission. Les personnes souhaitant intervenir, peuvent proposer un texte en s’adressant à Philippe La Sagna : plasagna@free.fr.
Cette série de textes en ligne sera l’occasion pour les membres de la commission de communiquer sur l’activité de la commission et ses projets pour l’année en cours.

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Miquel Bassols, qui est le plus-un du cartel A9, nous propose de distinguer des moments de passe contingents, liés à « l’inconscient réel », au plus prés du discours analytique, et des « états définitifs », états supposés « achevés » de l’expérience, liés à « l’inconscient transférentiel ». Il illustre son propos d’exemples très simples, de faits contingents, recueillis, par exemple, dans les témoignages des passeurs, qui peuvent orienter le travail du cartel en pratique, et peut-être aussi ensuite la forme adéquate à donner à la procédure. C’est la question qu’il nous propose de mettre au travail le 29 mars.
PL

Moments de passe
Miquel Bassols

Il y a des moments de passe et non pas des états définitifs, permanents ou déjà fixés dans le passé. Ce qui n’empêche pas l’expérience d’être conclusive, et même concluante comme le rappelait Patrick Monribot dans cet espace même. La logique des moments de passe présente une difficulté : l’idée de durée permanente. Elle s’oppose aussi à une substance du passé, et elle nous semble par là solidaire des nouvelles formes à prendre par le dispositif. Dispositif qui doit servir à transmettre ces moments par une forme appropriée à la psychanalyse, une forme aussi éloignée que possible de l’évaluation d’une donnée achevée.
C’est ce que nous constatons à nous orienter de cet inconscient réel, « lié à l’événement imprévu et à sa saisie dans le moment crucial » auquel se référait ici Laure Naveau pour l’opposer, suivant la distinction élaborée par Jacques-Alain Miller, à l’inconscient transférentiel, « lié su sujet supposé savoir ». C’est l’inconscient transférentiel qui nous fait supposer qu’il y aurait un savoir dans le réel qui était déjà là et, donc, qu’il y aurait une façon de le communiquer d’une façon plus ou moins achevée. Par contre, la psychanalyse orientée par l’inconscient réel se soutient, que ce soit dans la clinique appliquée ou dans la psychanalyse pure, d’un réel qui n’est pas un savoir mais qui ne peut se rencontrer que dans la contingence. Dans la mesure ou il n’y a pas une loi qui le ferait prévisible, qui ferait prévisible ce réel ou ce savoir. Donc, il n’y aura jamais que des moments de passe à pouvoir se transmettre dans cette passe dite « conclusive » qui demande une performance.
Expliquer, communiquer un savoir comme supposé dans le réel mènera ainsi toujours au paradoxe du discours universitaire où la transmission du savoir n’a comme effets que la clôture de l’expérience. Il n’y a donc pas d’autre sortie que la mise en acte de ce savoir, sa démonstration comme production d’un événement imprévu. Ce sont les moments de passe. Savoir y faire avec ces moments est une expérience « qui doit, comme la mer, être toujours recommencée », comme jadis l’indiquait Jacques Lacan en évoquant le poème de Paul Valery.
Les diverses expériences que nous avons eu dans les cartels de la passe nous ont livré toujours l’importance du non prévu, soit dans le témoignage du passant, dans la transmission du passeur, ou même dans les questions que les membres du cartel se posent dans le cours de son travail. Ainsi, un équivoque qui transmet quelque chose qui n’avait pas été pris en compte, une différence plus ou moins notable dans la transmission de chacun de deux passeurs – ce qui est déjà une façon de produire l’inattendu – la question d’un membre du cartel qui fait apparaître quelque chose que le passeur n’avait pas fixé dans ses notes mais qu’il gardait dans son souvenir... c’est de l’inattendu que la passe se fait en fin. Les moments du non prévu dans le cartel sont peut-être le plus vivant de son travail. Donc la question se pose dans la visée des nouvelles formes possibles de la procédure et du dispositif : comment y préserver, de façon maximale mais soutenable, la place pour l’imprévu ? C’est la question que nous adressons aussi à cette prochaine et prometteuse Matinée de travail.

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